Rien ne prédestinait Mélanie Zenner à travailler dans la recherche. Et pourtant, aujourd’hui, elle est une cheville ouvrière du projet européen CAPACITI, un programme ambitieux qui vise à mieux faire connaître les droits de l’enfant et à promouvoir leur participation dans la mise en oeuvre de ceux-ci en mobilisant les enfants eux-mêmes, mais aussi celles et ceux qui les accompagnent.

De l’E-commerce à la recherche

Après une licence en information et communication et un master en FLES (Français Langue Etrangère et Seconde), elle peine à trouver un emploi stable en lien avec ses études. Elle entame alors un travail intérimaire dans le secteur logistique-pharmaceutique — une expérience sans rapport direct, mais qui l’introduit dans le monde du travail. “C’est souvent l’expérience qui compte plus que les études”, dit-elle simplement.

Elle passe ensuite douze ans dans une entreprise américaine d’e-commerce, où elle devient business manager et fait ses premières armes dans la gestion de projet. Si elle y apprend beaucoup, elle finit par se heurter à un vide de sens. Son envie de s’aligner avec des valeurs plus humaines la pousse à opérer un virage dans sa carrière et atterrit dans son premier projet de recherche européen. Là, elle peut capitaliser sur ses compétences en gestion et participer à l’amélioration des formations. En février 2024, elle saisit l’opportunité de travailler en tant que coordinatrice sur un autre projet européen tout en s’engageant pour une cause qui lui tient à cœur : les droits de l’ enfant.

CAPACITI, un projet de recherche phare à l’Hénallux

C’est ainsi qu’elle rejoint l’Hénallux et le projet CAPACITI, financé par l’Europe (Interreg Grande Région) et la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ce programme transfrontalier, d’une durée de quatre ans, est à la croisée des chemins entre recherche, pédagogie et engagement social. Il vise à outiller les enfants pour qu’ils connaissent et fassent valoir leurs droits, tout en accompagnant les professionnels qui gravitent autour d’eux. “Ce qu’on souhaite, c’est passer d’un enfant objet de droit à un enfant sujet de ses droits”, résume-t-elle.

Le projet s’articule autour de deux premières années de recherche de terrain, menées auprès d’enfants et de professionnels, qui déboucheront sur la rédaction de recommandations.  Ensuite viendra le temps de la création d’outils concrets adaptés à différentes tranches d’âge : histoires interactives, jeux de plateau, serious games, vidéos pédagogiques… L’année finale sera consacrée à la diffusion de ces outils et à la création d’un centre de compétences, pour garantir la pérennité du projet.

La mission se précise au fil du temps : faire émerger une culture de la prise en compte de l’avis des enfants, dès le plus jeune âge, dans une société qui laisse encore peu de place à la parole de l’enfant. Le projet CAPACITI n’est peut-être qu’une pierre dans l’édifice, mais pour Mélanie, c’est une pierre posée avec engagement… et espoir.

Les défis à relever sont nombreux : consentement parental difficile à obtenir, sujets sensibles à aborder dès le plus jeune âge (violences, inceste, consentement), tabous persistants dans l’éducation, financements post-projet non assurés… Mélanie les aborde avec lucidité et conviction, portée par l’énergie d’une équipe soudée.

Sur ces mots, elle s’arrête, et tient à préciser “C’est un projet humainement très riche. Je me sens bien entourée, avec des collègues engagés, compétents et bienveillants. Mes collègues sont vraiment géniaux, c’est une chance de travailler dans cette équipe. ”

Le parcours de Mélanie illustre comment il est possible de donner du sens à sa vie professionnelle en mettant ses compétences au service d’une cause fondamentale.

 

Anne-Sophie Vandevoorde