La spécialisation en "soins intensifs et aide médicale urgente" est un des fleurons du Domaine de la Santé de l'Hénallux. Il y a 35 ans, la première diplômée de cette spécialisation quittait l’école, cette année, 42 diplômes en SIAMU ont été décernés…
Il convient de retracer la genèse de cette formation. Elle est due à la motivation d’une direction et d’enseignantes-infirmières visionnaires.
Parmi elles, Colette Van den Bosch. Diplômée infirmière graduée en 1972, elle intègre immédiatement la toute jeune équipe du service de soins intensifs du CHR de Namur (à l’époque, « hôpital Saint-Camille »), en compagnie d’une autre jeune diplômée de 1972, Marie-Thérèse China. Briefée par le docteur Roels, cette équipe ouvre ce service innovant, unique en son genre dans la province de Namur. Il s’agissait d’un véritable challenge : tout était à créer, à découvrir. Le sens didactique, la bienveillance et la confiance du Dr Roels étaient très motivants. L’équipe n’avait qu’une envie : être digne de cette confiance.
En 1973, Colette se marie et quitte Namur pour Leuven, où elle est engagée au service de Soins Intensifs de l’Hôpital Universitaire Saint-Pierre. En 1975, l’Ecole d’infirmières Sainte-Elisabeth de Leuven la recrute pour superviser les stages de 3ème année graduée aux Soins Intensifs.
En janvier 1976, Colette revient à Namur, et entre dans l’équipe enseignante de l’école Ste Elisabeth. Sœur Madeleine, titulaire de 3ème IG, lui demande d’envisager le cours de Soins Infirmiers aux Soins Intensifs. Colette, forte de ses expériences au chevet de ces patients aigus, rédige le cours et le dispense. Parallèlement, le stage aux SI est instauré en 3ème année, d’abord aux Soins Intensifs au CHR. Entretemps, la clinique Saint Luc à Bouge est ouverte (1974), et début des années 80, la clinique Sainte-Elisabeth ouvre aussi ce type de service.
Afin d’assurer la surveillance des stages de soins Intensifs à l’hôpital de Godinne, Catherine Fossion, une infirmière de l’équipe, expérimentée, est engagée à l’école.
Les soins se complexifient, pas uniquement au niveau des soins intensifs. Des services d’urgence s’ouvrent aussi dans les hôpitaux qui n’en possédaient pas. Face à ces nouveaux besoins, les instances décisionnelles au niveau ministériel, permettent aux écoles de soins infirmiers d’envisager de nouvelles formations susceptibles de correspondre à de nouveaux défis. Ainsi, celle d’infirmier spécialisé en Imagerie Médicale et Radiothérapie et celle d’infirmier spécialisé en Soins Intensifs et Aide Médicale Urgente vont voir le jour. Des directions, dont Mr Bauvin, se réunissent pour préparer ensemble le dossier et l’argumenter afin d’obtenir l’autorisation d’ouvrir la 4ème SIAMU.
Cette dernière est organisée à l’Ecole Sainte-Elisabeth, dès la rentrée 1987. Tout naturellement, et en accord avec la direction, Colette participe activement avec Catherine Fossion, à l’élaboration du programme, avec les enseignantes-infirmières de l’ISEI à Woluwé et du « Barbou » à Liège. Elles aident ensuite, pour l’Ecole Ste Elisabeth à la constitution d’une équipe d’enseignants infirmiers expérimentés. C’est ainsi que Didier Stuckens (IG 1985), qui a « mis en route » le service d’urgences de Saint-Luc à Bouge se voit attribuer le cours de Soins d’Urgence, tandis que les cours d’ordre médical sont confiés à des médecins chevronnés, dont le Dr Roels qui avait si bien formé la jeune équipe de Soins Intensifs du CHR 15 ans plus tôt et le Dr Fox, pour la partie « aide médicale urgente ».
Ce qui est nouveau inquiète toujours… une seule élève osera se risquer la première année ! C’est à peine croyable, vu le succès croissant de cette spécialisation, qui va nécessiter d’ailleurs son dédoublement en 1996 et d’étoffer l’équipe. Des étudiants viennent de tous les coins de la Wallonie et même aussi de région flamande et de France. Les diplômés infirmiers spécialisés en SIAMU, sûrs de trouver un emploi, se retrouvent partout en Belgique et dans le monde.
Plusieurs occupent des postes à responsabilités et sont même à la direction d’hôpitaux.
Par Marie-Thérèse Pirson