Hautes Écoles, tremplin pour un nouvel élan démocratique !

Dans le cadre de leur cours de Droit public, 60 étudiants de la section Assistant social à horaire décalé (en codiplômation HERS/Hénallux), originaires de France, de Belgique et du Luxembourg se sont emparés de l’enquête initiée par le gouvernement belge en avril 2022 : « un pays pour demain ». Une consultation citoyenne éphémère de deux mois seulement.

Malgré l’échéance passée, les étudiants ont été invités par leur professeur à reprendre cette enquête pour donner leur avis autour de six thématiques : le rôle du citoyen, l’organisation de l’État, les droits fondamentaux, les compétences des autorités, le fonctionnement du Parlement et du gouvernement et les élections. Des questions perçues d’emblée indigestes par les étudiants.

C’est donc avec les pieds de plomb qu’ils ont entamé leur travail sans savoir où aller. Certains avaient la conviction qu’ils ne connaissaient rien du pays dont la structure leur paraît trop complexe. D’autres estimaient qu’ils n’étaient pas juristes et donc illégitimes. Un étudiant a même confié sa désillusion et l’abîme qui le séparait des élus : «  Je n’ai pas envie de choisir le voleur qui me volera ».

Malgré tout, ils ont retroussé leurs manches pour plonger dans l’aventure. Pendant quatre mois, ils ont recherché des informations, débattu en groupes et confronté leurs avis parfois, jusque tard dans la nuit. Ils ont relevé le défi et rédigé environ 700 pages (26 enquêtes) comprenant de multiples recommandations dont certaines sont axées vers davantage d’unité nationale (apprentissage obligatoire des trois langues nationales ), la « refédération » de certaines compétences (santé, environnement ), vers plus d’efficacité et de lisibilité institutionnelle et majoritairement vers une plus grande participation citoyenne.

Une telle expérience a démontré que les étudiants n’avaient pas besoin d’être des experts pour donner un avis pertinent et pour se prononcer sur les enjeux de société qui les concernent. Ils sont la preuve que le monopole de l’intelligence ou de la sagesse n’appartient à personne. La démocratie n’est pas morte !

À qui veut l’entendre, une telle mobilisation démontre la vitalité et la richesse de la parole estudiantine et citoyenne lorsqu’elle a le temps et l’espace de confiance pour se libérer. Elle démontre ainsi qu’il est possible de créer et d’accompagner une véritable et authentique participation citoyenne au cœur des écoles. Une participation rendue possible grâce à la disponibilité des étudiants. Ces derniers sont d’autant plus légitimes qu’ils ne doivent satisfaire aucun parti, aucun électorat ni aucun lobby.

Ce projet leur a permis de retisser du lien, d’apprendre à exercer leur parole et de la confronter, de retrouver de la confiance en eux, de l’espoir, de la motivation et l’envie de se réapproprier leur citoyenneté en retrouvant du pouvoir d’action pour œuvrer à un nouveau projet de société et à un nouvel élan démocratique.

Les étudiants ont donc décidé d’envoyer leurs travaux à l’ensemble des différents partis politiques pour faire entendre leur voix et débattre avec ces derniers.

Le 16 avril 2024
Ph. Dachelet

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